Visionnages: mai 2010

Pas vraiment de twist... ça vient progressivement.

Colqhoun a écrit:Et John Hurt qui se traîne par terre et qui se jette en bas les toits.

Colqhoun a écrit:The Lady of Shanghai est largement meilleur et plus agréable à suivre que cette grosse démonstration technique.

Ben tiens, lu aujourd'hui: Orson au sujet de la virtuosité...

Peter Bogdanovich: Le plan dans Lady from Shanghaï où Rita Hayworth et Everett Sloane sont assis dans le couloir avant le procès est sans doute le travelling le plus lent que j'aie jamais vu. Il fallait que j'observe les bords du cadre pour m'apercevoir que la caméra bougeait.

Orson Welles: Cela n'est pas bon signe... que tu te mettes à observer les bords de l'écran...

P.B: Parfois les gens regardent tes films et disent "Mon Dieu, quel plan insensé, magnifique". Mais chaque fois que je te dis quelque chose comme ça, ton regard vide me signifie clairement que pour toi, le plan est normal, où plutôt qu'il n'a rien d'inhabituel.

O.W: J'adore que tu répondes à tes propres questions.

P.B: J'ai donc raison?

O.W: Je n'essaie pas souvent d'être fou, non.

P.B: Mais la plupart des gens pensent exactement le contraire de ton travail.

O.W: Oui, ils croient que c'est de l'excentricité délibérée... un étalage de virtuosité. Cela sous-tend un certain effort. Je fais ce qui me vient naturellement. C'est comme cette vieille blague stupide. Un type va chez le toubib et lui dit: "Docteur, j'ai des migraines terribles le matin. Tous les matins je me lève, je vomis, je me brosse les dents, je prends mon petit-déjeuner, et là, j'ai une terrible migraine. - Quoi?" dit le médecin. Et le type répète: "Oui, tous les matins, je me lève, je vomis, je me brosse les dents et j'ai une migraine épouvantable. - Comment ça? Vous vomissez tous les matins? Oui, pourquoi? Ce n'est pas normal?"

P.B: Quelqu'un a dit un jour à Chaplin: "Vous n'avez jamais d'angles de prise de vue intéressants." Et Chaplin a répondu: "Je n'en ai pas besoin, c'est moi qui suis intéressant."

O.W: Il avait raison.

MJ a écrit:

Colqhoun a écrit:The Lady of Shanghai est largement meilleur et plus agréable à suivre que cette grosse démonstration technique.

Ben tiens, lu aujourd'hui: Orson au sujet de la virtuosité...

Difficile d'appeler Kane une "démonstration technique" quand on sait que Welles ne connaissait rien à la mise en scène avant de commencer le projet et, comme il le dit très bien dans le passage que tu cites, il a filmé les choses comme il trouvait logique de le faire. Il savait même pas faire un fondu au noir... Bon je tique aussi parce que Citizen Kane, c'est un film de malade dont je suis plutôt fan.

Sinon :

Where The Wild Things Are de Spike Jonze
J'en attendais beaucoup et je n'ai pas été déçu. Même si le film a un peu déjoué mes attentes au niveau de son rythme et de sa progression narrative très particulière (en claire, elle est presque inexistante), sur un plan purement artistique c'est un film fantastique. Très belle réalisation, superbe travail sur les monstres, Jonze fait tout sauf un film pour enfant. Un film sur l'enfance, c'est clair, un beau bordel d'ailleurs. Bordel qui reflète finalement assez bien, dans les aléas des réactions des monstres, le cerveau et les pulsions d'un enfant de 10 ans. Entre les rages impulsives, la jubilation, la jalousie, le film est un très beau passage à "l'âge adulte". Avec cet adieu bouleversant à l'enfance. J'étais en larme lors de la dernière séquence sur l'île. Jonze a vraiment réussi a capter quelque chose et à entraîner le spectateur dans le même torrent d'émotion que le personnage de Max. Comme un gigantesque rollercoaster qui navigue sans cesse entre dépression et jubilation.

The Last House On The Left de Machin Truc (remake)
Louable de voir que ces nouveaux remake ne cèdent pas tous à la facilité du montage cut et des effets de styles pourris, ce petit remake est pas trop mal torché (entendre : supportable à regarder) même si certaines scènes m'ont semblés plutôt ratés et même carrément complaisante (la scène du meurtre + viole, notamment, ne m'a pas fait grand chose, elle m'a surtout agacée en fait). Ensuite je me suis un peu fais chier, l'action est plutôt gore sans forcément en rajouter des tonnes, mais le malaise voulu par le réalisateur fonctionne pas vraiment. Et au final la réaction des parents un peu vigilante movie (la dernière séquence est rigolote à ce titre là, mais plutôt conne) oscille entre le ridicule et le réussi. Finalement, sur le fond, j'ai quand même préferé le Craven, que j'aime bien et qui me semblait plus rentre dedans, avec un vrai sujet, même si, comme d'autres films post-Vietnam et comme d'autres films de Craven, c'est méga appuyé. Pour le reste et dans les 2 cas, ça m'emmerde un peu.

Colqhoun a écrit:Et John Hurt qui se traîne par terre et qui se jette en bas les toits.

et Kate Hudson!!

Dario Bava2 a écrit:

Colqhoun a écrit:Et John Hurt qui se traîne par terre et qui se jette en bas les toits.

et Kate Hudson!!

ca reste complétement con.

Mitchell a écrit:Difficile d'appeler Kane une "démonstration technique" quand on sait que Welles ne connaissait rien à la mise en scène avant de commencer le projet et, comme il le dit très bien dans le passage que tu cites, il a filmé les choses comme il trouvait logique de le faire. Il savait même pas faire un fondu au noir... Bon je tique aussi parce que Citizen Kane, c'est un film de malade dont je suis plutôt fan.

Difficile aussi dans la mesure où c'est un film à thèse (inspiré de la vie de Hearst, le magnat de la presse): pour la première fois le capitalisme et le succès sont accusés si directement au cinéma américain d'être des sources de dégénérescence humaine.

Mitchell a écrit:Bon je tique aussi parce que Citizen Kane, c'est un film de malade dont je suis plutôt fan.

Non mais bon, je schématise.
J'aime beaucoup Citizen Kane, mais je m'y retrouve nettement plus devant Lady from Shanghai et son côté plus enlevé (et qui fait aussi montre d'une maestria technique démentielle).

Mitchell a écrit:Where The Wild Things Are de Spike Jonze
J'en attendais beaucoup et je n'ai pas été déçu. Même si le film a un peu déjoué mes attentes au niveau de son rythme et de sa progression narrative très particulière (en claire, elle est presque inexistante), sur un plan purement artistique c'est un film fantastique. Très belle réalisation, superbe travail sur les monstres, Jonze fait tout sauf un film pour enfant. Un film sur l'enfance, c'est clair, un beau bordel d'ailleurs. Bordel qui reflète finalement assez bien, dans les aléas des réactions des monstres, le cerveau et les pulsions d'un enfant de 10 ans. Entre les rages impulsives, la jubilation, la jalousie, le film est un très beau passage à "l'âge adulte". Avec cet adieu bouleversant à l'enfance. J'étais en larme lors de la dernière séquence sur l'île. Jonze a vraiment réussi a capter quelque chose et à entraîner le spectateur dans le même torrent d'émotion que le personnage de Max. Comme un gigantesque rollercoaster qui navigue sans cesse entre dépression et jubilation.

Tout pareil, avais beaucoup apprécié au cinoche.
Et t'as toujours ce malaise dû à cette impression qu'à TOUT moment ça peut basculer et dégénérer.

Frida de Julie Taymor

J'ai jamais vraiment aimé l'art de Frida Kahlo, qui me fait penser à du Rousseau possédé par l'esprit de Bosch. J'ai par contre toujours (depuis que je m'étais penché sur le boulot de Rivera il y a une quinzaine d'années) été interpelé par son engagement et son Diego, leur rapport à "Gringolandia", au socialisme, à Trotsky et sa mort...)

Sous la régie féminine de Taymor, on se concentre plutôt sur les déboires sexuels d'un couple obsédé par la chose, leurs rapports émotionnels complexes et la souffrance physique de la Mexicaine poilue. Salma Hayek y est convaincante, à part quand elle incarne Kahlo avant son accident, et son vis-à-vis Alfred Molina est en grande forme lui aussi.

C'était un défi immense que de filmer la courte vie torturée de l'artiste mexicaine. L'angle de vue choisi est malheureux et on tombe dans un truc romantico-tragique un rien lourdingue, avec quelques choix narratifs et photographiques ratés.

On notera toutefois la réussite des intermèdes hallucinatoires à la Parker qui ponctuent le film délicieusement.

Voilà, c'est tout.

L'avais vu en cours, m'avait beaucoup plu. Faudrait que je le revoie à l'occasion.

Loin d'être un chef-d'oeuvre mais un bon film truffé d'acteurs excellents (Hayek en tête), de belles trouvailles visuelles proches de l'esprit Kahlo... A noter un traitement sérieux des personnages communistes, plutôt remarquable dans le cinéma US contemporain.
Enfin, j'aime assez malgré les quelques passages à vide ou par trop larmoyants.

The Mother Lars Jacobson et Amardeep Kaleka 3/10
L'histoire d'une mère qui se tape un baby blues extrême et qui finit par tuer ses gosses.

Mis à part la très bonne prestation de l'actrice principale qui joue la mère en question, tout le reste est moisi!
Narration au ras des paquerettes, photo immonde, enfants mal dirigés, morale stupide, musique au rabais, mis en scène bateau, gros pompage sur "Shining" par moment...ça a beau être culotté comme principe à la base, on a du mal à croire qu'ils s'y soit mis à deux pour pondre un truc pareil!

Laura d'Otto Preminger (1944)

C'est très beau et la dite Laura (Gene Tierney) resplendit. D'ailleurs il y a un superbe travail de métonymie; elle n'apparaît pas une seule fois dans la première partie du film, mais l'on ressent constamment son omniprésence, notamment via son portrait et la musique - et son fameux thème. Dommage que les relations, intrigues et dénouement semblent parfois sortir d'un mauvais Agatha Christie. Seule la scène finale propose une bonne dose de tension. Ah et y'a Vincent Price.

loval a écrit:Laura d'Otto Preminger (1944)

Superbe, j'adore.
La réalisation est d'une modernité resplendissante.
Et le thème de Raksin est fantastique.
Je l'écoute régulièrement via la très bonne compile ULTRA NOIR.

métonymie

Tiens, un nouveau mot.

?

Non mais c'est parce que tu utilises des termes dont je ne connaissais même pas l'existence que je m'exclame.

Ah ok, je pensais que c'était de l'ironie.

Pour mon examen d'analyse de séquence que j'ai dans 3 semaines, je suis censé pouvoir dater un film dans son contexte historique et technique à partir d'un extrait de 5 minutes (ça peut être n'importe quel film). Du coup là j'essaie de m'envoyer un max de classiques ou de films valorisés au sein de la section de cinéma à l'uni.

Là je sors de The Night of the Hunter de Charles Laughton (1955)
Fabuleux, splendide. Quel n/b! Et film assez improbable venant d'Hollywood!

EDIT:

Baghead 8/10

Synopsis : Deux réalisateurs s'éloignent de la vie mouvementée de la ville pour écrire un scénario en compagnie de leur copine. Une blague faite au début du séjour se transforme peu à peu en cauchemar lorsque quelqu'un, un sac sur la tête, s'introduit dans leur cabane.

Une vraie bonne surprise pour ce petit film malgré des défauts inhérent à un budget riquiqui. Vraiment original.

First blood 9/10

Rien à ajouter, l'un des meilleur stallone.

The brave 7/10

Depp nous livre là un bon film bien torché avec un malaise grandissant tout au long de l'intigue.

The Road 7.5/10

Ca m'a vraiment donné envie de lire le bouquin.

Where The Wild Things Are 8/10

Bon très bon mais j'ai trouvé qu'il y avait quelques soucis de rythme par moment. En tout les cas un grand film sur l'enfance.

Colqhoun a écrit:Non mais c'est parce que tu utilises des termes dont je ne connaissais même pas l'existence que je m'exclame.

d'ailleurs si tu pouvais nous éclairer Loval..

loval a écrit:Ah ok, je pensais que c'était de l'ironie.

Pour mon examen d'analyse de séquence que j'ai dans 3 semaines, je suis censé pouvoir dater un film dans son contexte historique et technique à partir d'un extrait de 5 minutes (ça peut être n'importe quel film).

et du coup pour rire ils vous passent le film de Soderbergh, là?

Ben ils nous ont pas caché qu'il y aurait des pièges. Mais bon, pour confondre un Soderbergh avec un Griffith, faut y aller quand même...

chaoticlock a écrit:

Colqhoun a écrit:Non mais c'est parce que tu utilises des termes dont je ne connaissais même pas l'existence que je m'exclame.

d'ailleurs si tu pouvais nous éclairer Loval..

En gros la métonymie (au cinéma) c'est un principe qui tend à construire un personnage sans le montrer, mais par différents moyens. Comme Bill dans Kill Bill vol. 1 par exemple (c'est là où j'ai appris le terme ), où on n'entend que sa voix, il est décrit par les autres personnages, on voit sa main, son sabre; mais lui on ne le voit jamais pendant tout le film.

loval a écrit:Ben ils nous ont pas caché qu'il y aurait des pièges. Mais bon, pour confondre un Soderbergh avec un Griffith, faut y aller quand même...

ouais, je parlais de son truc allemand là.

My Blueberry Nights de Wong Kar Wai (2007)

Wong Kar Wai s'américanise. Éclairage au néon, courtes focales, couleurs saturées; on est bien chez Wong Kar Wai. Ces traits donnent un ton pastel à l'image, quasi-polaroid, qui ne déplaît pas forcément, mais qui écœure vite. On abuse surtout de ralentis saccadés complètement ignobles qui, au lieu d'apporter une épaisseur à un visuel laborieux, agacent complètement par leur répétition et mocheté. Le film repose trop sur ses acteurs - tous très bons cela dit - et aurait pu peaufiner certains dialogues (le plus flagrant reste le monologue de Weisz en plan-séquence). Malgré ses défauts, My Blueberry Nights aborde un sujet qui me touche; comment deux personnes, rencontrées par le hasard ou le destin, peuvent s'enrichir mutuellement. La bonté naturelle ou la confidence improbable. Pas un chef-d'oeuvre, mais un film intéressant malgré ses tics esthétiques qui tiennent un peu trop de l'esbroufe.